Fallou, le Mystérieux

FALLOU, le mysterieux

NDEWENDEUL, TABASKI 2020

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L’Architecte et sa famille

NDEWENDEUL, TABASKI 2020

Welli & Fallou

FALLOU/MALICK

NDEWENDEUL, TABASKI 2020

Abou

ABOU

NDEWENDEUL, TABASKI 2020

La Reine de Koubanao

LA REINE DE KOUBANAO

NDEWENDEUL, TABASKI 2020

Juraina Aissatou

JURAINA AISSATOU

NDEWENDEUL, TABASKI 2020

“Art brings out the truth.” Heidegger once wrote. Through the Ndewendeul series, Djibril Dramé Gadaay reveals to us the profound unity of the human condition by using a particular par excellence: the main Islamic religious holidays as experienced in Senegal. These feasts are certainly an opportunity to express one's faith. They are especially the occasion for young and old, men and women to wear flamboyant clothes, to feast and to visit each other. Once done with the religious formalities, the Senegalese dedicate themselves to a celebration of life and of the joy of communing and sharing.

In the afternoon, the sumptuously dressed children go from house to house to receive their "ndewendeul": a small sum of money given to them by adults. This rite of Ndewendeul is specific to Senegal. It is also universal. We can think of American children’s trick or treat at Halloween.

What Gadaay shows through his Ndewendeul series is that normal Islamic practice is far removed from the fantasies that surround it. For some Aid Al Adha is just a bloodthirsty slaughter ceremony. Little do they think of the fact that this killing symbolizes the rejection of human sacrifice and divine mercy! Gadaay does not argue. His work showcase real Muslims and illustrate the fact that for them, Aïd is first and foremost an opportunity to dress lavishly and spread joy around them. His work features ordinary Senegalese celebrating Aid. In so doing, he shows that just like Christmas, this religious holiday also has an undeniable secular dimension. Besides, some of these models are not even Muslim. Just as Muslims in Senegal celebrate Christmas, Christians also celebrate Aid.

What about the Covid? The Gadaay models seem more austere than those of recent years. Not many smiles and laughter. Heads sometimes turned away, thoughtful. What are they thinking about? Maybe to postponed trips. Indeed, in a subtle reminder, the models are seated in front of a curtain that has the colors of the famous “sac-Tati”, formerly an object accompanying African migrants and diasporic communities in France, nowadays, in a curious twist of fate, the symbol of an ironical chic that reverses the stigma through fashion. Are Gadaay's models potential migrants who will throw themselves into the sea to go to Europe at any cost, or are they Afropolitans bemoaning that they cannot jump on a plane to go to Milan, Paris or New York? We won't know, just as we will never know which of them are Muslims and which are Christians. This is the beauty of Gadaay's work in Ndeweneul: this understatement that allows us to multiply the interpretations.

Dr. Hady BA

Philosophy Department, FASTEF

Cheikh Anta Diop University

« L’art fait surgir la vérité. » affirmait Heidegger. À travers la série Ndewendeul, Djibril Dramé Gadaay nous révèle la profonde unité de la condition humaine en se servant d’un particulier par excellence : les principales fêtes religieuses islamiques telles que vécues au Sénégal. Ces fêtes sont certes l’occasion d’exprimer sa foi. Elles sont surtout l’occasion pour jeunes et vieux, hommes et femmes de porter des habits flamboyants, de festoyer et de se visiter les uns les autres. Les formalités religieuses expédiées, les sénégalais se consacrent à une célébration de la vie et de la joie de communier et de partager.

L’après midi, les enfant somptueusement habillés passent de maison en maison pour recevoir leur « ndewendeul » : petite somme d’argent que leur donnent les adultes.

Ce rite du Ndewendeul est certes une spécificité sénégalaise. Il est également universel. L’on peut penser ici au trick or treat des enfants américains au moment de Halloween.

Ce que Gadaay montre à travers sa série Ndewendeul, c’est que la pratique islamique normale est très éloignée des fantasmes qui l’entourent. De l’Aid Al Adha, certains ne veulent retenir qu’une cérémonie d’égorgement sanguinaire sans tenir compte du fait que ce sacrifice symbolise le refus du sacrifice humain et la miséricorde divine. Gadaay n’argumente pas. Il montre que pour les musulmans réels, l’Aid, c’est d’abord une occasion de s’habiller somptueusement et de répandre la joie autour d’eux. Il met en scène des sénégalais ordinaires fêtant l’Aid. Ce faisant, il nous fait voir que tout comme Noël, cette fête religieuse a également une dimension séculière indéniable. D’ailleurs, certains de ces modèles ne sont même pas musulmans. Tout comme au Sénégal des musulmans fêtent Noel, des chrétiens fêtent également l’Aïd.

Quid du Covid ? Les modèles des Gadaay semblent plus austères que ceux des dernières années. Peu de sourires et de rires. Des têtes parfois détournées, pensives. À quoi pensent-ils ? Peut-être aux voyages reportés. En effet, en un subtil rappel, les modèles sont assis devant un rideau qui a les couleurs du fameux « sac-Tati », autrefois objet accompagnant les migrants africains et les populations diasporiques en France, aujourd’hui, pas un curieux renversement, symbole d’un chic ironique qui détourne le stigmate pour le valoriser à travers la mode. Les modèles de Gadaay sont-ils de potentiels migrants qui se jetteront dans la mer pour aller quoiqu’il en coûte en Europe ou sont ils des Afropolitains se désolant de ne pouvoir sauter dans un avion pour aller à Milan, Paris ou New York ? On ne le saura pas, tout comme on ne saura jamais lesquels d’entre eux sont musulmans et lesquels sont chrétiens. C’est là toute la beauté du travail de Gadaay dans Ndeweneul : cet understatement qui nous permet de multiplier les interprétations.

Dr Hady BA, Philosophe

Université Cheikh Anta Diop

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